
Le Jour Où… deux casques ont redéfini la French Touch
Le 20 janvier 1997, tu ne le sais pas encore, mais la musique électronique française vient de prendre un virage historique. Ce jour-là, Homework, le premier album de Daft Punk, débarque dans les bacs. Quinze titres, une pochette minimaliste, aucun visage sur la promo — juste un son brut, répétitif, et une énergie qui sent la cave moite autant que la piste de danse. Ce jour-là, la French Touch passe de courant underground à phénomène mondial.

Deux mecs, une MPC et une révolution
Thomas Bangalter et Guy-Manuel de Homem-Christo n’ont pas besoin d’un studio high-tech pour te retourner la tête. Homework est enregistré maison, avec du matériel cheap, mais des idées grandes comme un hangar de warehouse. Pas de vocaux lissés, pas de formule radio-friendly. Juste des machines, des boucles, des textures, et ce sens du groove qu’ils sont seuls à posséder.
Quand tu entends Da Funk pour la première fois, c’est une claque. Une ligne de basse animale, un beat crasseux, et ce son compressé à l’extrême qui t’évoque à la fois Chicago, Détroit, et les parkings de Rungis. À ce moment-là, tu ne sais pas trop si c’est du hip-hop, de la house ou de la techno — mais tu sais que t’es accro.

Une vision, un statement
Homework n’est pas qu’un album, c’est un manifeste. Le son est abrasif, mais précis. Les morceaux durent 5, 6, 7 minutes, sans jamais chercher la facilité. Tu sens que les Daft ne veulent pas plaire : ils veulent imposer leur monde. Revolution 909 transforme les sirènes de police en hymne rave, Around the World répète son mantra jusqu’à l’hypnose, et Rollin’ & Scratchin’ te donne envie de perdre pied, dans le bon sens du terme.
Le jour où le monde a regardé vers Paris
Avant Homework, la house « made in France » existait — mais elle vivait dans l’ombre des scènes anglaises et américaines. Après, tout change. Les Daft ouvrent une brèche. Derrière eux, Cassius, Étienne de Crécy, Mr. Oizo, Justice ou encore Air vont s’y engouffrer. La presse anglo-saxonne parle de « French Touch », et pour une fois, c’est Paris qui dicte la tendance.

Pas de visage, que du son
Tu ne les vois jamais. Ils ne parlent presque pas. Les interviews sont rares, les photos encore plus. Et pourtant, tout le monde veut les écouter. Ce jour-là, Daft Punk t’apprend que le mystère peut être plus puissant que l’image, et que deux types en casques peuvent provoquer plus d’émotion que mille rock stars en cuir.
Depuis ce jour, la house ne sonne plus pareil
Homework n’est pas qu’un classique : c’est une leçon d’audace. Le jour de sa sortie, la musique électronique est encore un monde de niche. Le lendemain, elle est dans toutes les oreilles, sur toutes les platines, et elle n’en sortira plus. Daft Punk ne t’ont pas juste fait danser : ils ont redéfini ce que voulait dire « faire de la musique en 1997 ». Et franchement, t’as pas fini de les remercier.

