
Le jour où La Servante écarlate a refermé sa dystopie
Après six saisons, The Handmaid’s Tale s’apprête à tirer sa révérence. La série coup de poing, portée par une Elisabeth Moss intense jusqu’à l’épuisement, referme un chapitre de la télévision contemporaine qui a autant choqué qu’obsédé. Dans un paysage de séries souvent formatées, La Servante écarlate aura tenu tête au confort narratif pour montrer ce que le pouvoir peut faire aux corps. Et ce que les corps peuvent faire au pouvoir.

Une dystopie qui n’en était plus vraiment une
Quand la série débarque en 2017, c’est une claque. Adaptée du roman de Margaret Atwood, The Handmaid’s Taleraconte une société totalitaire où les femmes fertiles sont réduites à l’état de ventres. Mais très vite, la fiction semble rattrapée par la réalité. La montée des extrêmes, les reculs sur les droits reproductifs, les débats sur le contrôle des corps féminins : Gilead, la dictature imaginaire, semble parfois moins lointaine que prévu.
Tu n’as pas juste regardé cette série, tu l’as ressentie. Tu as serré les dents à chaque « C’est pour le bien de tous », baissé les yeux quand June levait les siens vers la caméra, et tu t’es demandé, plus d’une fois : jusqu’où on pourrait basculer, nous aussi ?
De la sidération à la révolte
Saison après saison, la série a changé de ton. Du choc glaçant des premiers épisodes à la colère contenue des suivantes, The Handmaid’s Tale a déplacé le curseur. Elle a creusé la douleur, certes, mais elle a aussi montré l’endurance, la solidarité, et parfois, la vengeance. June est devenue bien plus qu’une victime : une guerrière, instable, imprévisible, parfois violente — et donc profondément humaine.
La série a aussi su explorer d’autres angles : le rôle des complices silencieux, la complexité des bourreaux, la question du pardon. Et surtout, elle n’a jamais rendu le spectateur à l’aise. Elle t’a obligé à rester, à regarder, à encaisser.

Une dernière saison en forme de miroir
Cette ultime saison fonctionne comme une boucle. Plus posée, plus politique, mais pas moins tendue. Le Canada n’est plus un refuge tranquille, Gilead s’exporte, et June n’est plus seule dans sa révolte. L’ennemi n’est plus seulement un régime, mais un système global. Le combat devient collectif.
Pas de happy end, pas de leçon simpliste. La série garde sa ligne : t’interpeller sans te rassurer.
Une série culte au sens fort
La Servante écarlate n’a pas seulement marqué la pop culture par son esthétique — cette robe rouge sang, ce voile blanc devenu symbole de lutte féministe dans la rue. Elle l’a marquée dans le fond. En osant montrer ce que d’autres n’osent pas écrire, elle a ouvert un espace de réflexion, de colère, mais aussi de puissance.
Le jour où la série se termine, tu ne te sens peut-être pas soulagé. Tu te sens un peu vidé. Comme après un long cri. Et peut-être que c’est ça, finalement, son plus grand accomplissement.

